Now Reading
Pourquoi les complotistes pensent-ils qu’Astana, la capitale du Kazakhstan, est la capitale des Illuminati ?

Pourquoi les complotistes pensent-ils qu’Astana, la capitale du Kazakhstan, est la capitale des Illuminati ?

astana, illuminati, architecture, urbanisme

Appelée Astana avant de devenir Noursoultan, puis d’être de nouveau nommée Astana, la jeune capitale kazakhe, fascine à la fois les passionnés d’architecture et les conspirationnistes. Les plus fanatiques de ces derniers voient dans les bâtiments à l’architecture originale qui prennent place dans la ville des symboles et des lieux de pouvoirs construits par et pour les Illuminati. Parmi ces bâtiments originaux, il y a par exemple une grande tour surmontée d’une sphère, un bâtiment en forme de soucoupe volante et d’autres encore en forme de pyramides.

Mais comment pour quelles raisons des bâtiments aux formes si étonnantes ont-ils étaient construits en plein milieu de la steppe kazakhe ?    

Le dictateur déplace la capitale en plein milieu de la steppe

En 1991, l’URSS se disloque. De cette dislocation naissent plusieurs nouvelles républiques et parmi elles le Kazakhstan, un pays grand comme 8 fois l’Allemagne. Dès son indépendance, ce nouveau pays est gouverné par l’autocrate Noursoultan Nazarbaiev. Celui-ci dirige le pays d’une main de fer jusqu’en 2019, année pendant laquelle il démissionne. Avant cette démission surprise, celui-ci avait remporté toutes les élections auxquelles il s’était présenté avec des scores supérieurs à 90 % et s’était distingué par son non-respect des droits de l’Homme.

En 1995, à la surprise de son peuple, Nazarbaïev a signé un décret créant une nouvelle capitale à plus de 1000 km de distance de la capitale de l’époque. La nouvelle capitale, baptisée Astana – ce qui signifie capitale en kazakh – est alors localisée en plein milieu de la steppe Kazakhe, là où il peut faire jusqu’à -40 degrés Celsius et où frappent des vents glaciaux. Pour couronner le tout, Astana est située non loin de l’emplacement où Staline avait fait construire un goulag qui accueillait les femmes et les enfants des « traîtres à la patrie ».

Palais de la paix et de la réconciliation à Astana

Métabolisme japonais dans la steppe kazakhe

Pour ériger le plan de la nouvelle ville, édifiée presque à partir de rien, Noursoultan Nazarbaïev organise un grand concours d’urbanisme. Celui-ci est remporté par Kisho Kurokawa, un architecte japonais, membre éminent du courant Métaboliste. Ce mouvement architectural est né au Japon dans les années 60, à une époque où l’architecture était fortement dominée par les idées de Le Corbusier. Kurokawa présente le métabolisme comme étant « l’antithèse de l’architecture du XXème siècle, le siècle de l’hégémonie occidentale ». Si pour les architectes modernistes de cette époque les bâtiments construits peuvent être, à peu de choses près, identiques à Brasilia, à Chandigarh ou à Marseille, ce n’est pas le cas pour les architectes métabolistes qui voient la ville comme un organisme vivant, qui doit être en symbiose avec son environnement.

C’est donc Kisho Kurokawa qui réalise le plan d’urbanisme d’Astana (et non les bâtiments de la ville). Il donne de nombreuses préconisations et souhaite qu’il y ait une symbiose entre la ville et la nature. C’est pourquoi, il entoure la ville d’une ceinture d’arbres, ce qui permet en outre d’atténuer les vents glaciaux qui soufflent dans la steppe kazakhe. En plus de cela il fait pousser une forêt qui entre dans la ville et atteint presque son centre. Mais surtout, l’architecte japonais promeut ce qu’il appelle une symbiose abstraite. Les bâtiments qui vont être construits dans la ville doivent avoir des formes reliées à la culture kazakhe telles que des triangles, des croissants ou encore des cônes.

« Las Vegas qui rencontrerait Disneyland sous stéroïdes nationalistes »

Des bâtiments en forme de pyramides, de triangles ou qui renvoient aux mythes inconnus de la culture kazakhe, il n’en fallait pas plus pour aiguiser l’imagination des complotistes. On trouve dans la ville une tour haute de 105 mètres qui supporte une boule en or de 22 mètres de diamètre. Cette tour fait référence à un mythe, selon lequel un oiseau pond chaque année un œuf au sommet d’un arbre de vie. Un petit peu plus loin, c’est un bâtiment en forme de tente, haut de 150 mètres, appelé Khan Shatyr qui rappelle les tentes des nomades kazakhs. A proximité de ce bâtiment on trouve Le Palais de la paix et de la réconciliation qui a une forme pyramidale et atteint 62 mètres de hauteur. Ces trois bâtiments aux formes étonnantes, tous réalisés par l’architecte Norman Foster, ont été construits selon les préconisations de Kisho Kurokawa, avec des formes en lien avec la culture kazakhe.

Cirque d’Astana

Ces bâtiments aux formes curieuses ne sont pas les seules constructions qui méritent le détour à Astana. Lassé par les principes de Kisho Kurokawa, l’excentrique Noursoultan Nazarbaiev a permis aux architectes de s’éloigner des principes énoncés par l’architecte japonais. Le cirque d’Astana représente une soucoupe volante et la résidence présidentielle, Ak horda, rappelle la Maison Blanche, avec une superficie près de 7 fois plus importante que celle de sa consœur américaine. On peut aussi voir dans la ville des immeubles néostaliniens, de style chinois, arabes, classiques, etc. Ce qui a fait dire à l’historien de l’architecture Franck Albaut  : « Ce que vous voyez ici [à Astana] c’est un mélange de post-modernisme, de style typique d’Asie centrale, de décor islamique, de baroque russe, de néoclassicisme, d’orientalisme, le tout mélangé dans quelque chose qui ressemble à Las Vegas qui rencontrerait Disneyland sous stéroïdes nationalistes ».

Il ne fallait donc pas voir derrière ces bâtiments originaux la main de comploteurs préparant leur prise de pouvoir sur les simples mortels mais les désirs sans limite d’un dictateur, ainsi que la vision d’un architecte japonais trop peu connu en Occident.   


contact@orenok-geographie.fr

© ORENOK. All Rights Reserved.